Synchronisation de la Finance islamique avec le Plan de Développement Durable des Nations Unies
Les partisans du système de financement islamique affirment que ce système de financement peut aider à changer la direction des flux de capitaux vers des activités humanitaires qui ont des impacts environnementaux et sociaux positifs.
Selon Rafa Hanif, directeur du développement durable chez CIMB Bank, les préceptes moraux de l'islam ont beaucoup en commun avec les normes mondiales et les objectifs de développement durable (ODD) fixés par l'Assemblée générale des Nations Unies en 2015, qui devraient être atteints d'ici 2030.
Hanif lors d'un webinaire en 2021, a déclaré : « Maintenant, nous élargissons les limites de la responsabilité sociale en nous alignant sur les objectifs de développement durable des Nations Unies. Essentiellement, les ODD sont des aspirations à atteindre les objectifs les plus élevés de la charia (loi islamique) qu'il s'agisse d'éradiquer la pauvreté ou d'assurer la vie sur terre ou sous la mer. Ce sont des responsabilités présentées dans le Coran, lui-même. La banque islamique s'est toujours concentrée sur l'impact social, en veillant à ce que les secteurs socialement nocifs, tels que l'alcool, le tabac, les armes à feu, les munitions, la pornographie et les jeux d'argent, soient exclus ».
Il y a des signes que les investisseurs du monde entier prêtent attention à cette convergence. Selon Refinitiv, les sukuk (obligations islamiques) ont augmenté de plus de treize fois au cours des quatre années jusqu'en 2021. Refinitiv prévoit que le total des actifs de financement islamique (y compris les banques islamiques, les sukuk, les fonds islamiques et l'assurance islamique) atteindra près de 5 000 trillions de dollars d'ici 2025, contre 2 200 trillions de dollars il y a dix ans.
Mais s'il y a des convergences entre les approches d'investissement durable dans le financement conventionnel (occidental) et la finance islamique, il est important de reconnaître qu'il existe également des différences. Selon les érudits islamiques, l'argent ne doit être considéré que comme un moyen d'échange de produits et de services. Pour cette raison, il est interdit de gagner de l'argent uniquement par l'intérêt (usure). Par exemple, la nouvelle série d'indices FTSE Russell Islamic interdit d'investir dans des entreprises qui tirent plus de 5 % de leurs revenus totaux de sources de financement conventionnelles. L'indice exclut les sociétés dont le taux d'endettement total est supérieur à la capitalisation boursière moyenne quotidienne ou dont le total des actifs (calculé sur les 24 derniers mois) dépasse 33 %, ainsi que les sociétés dont les actifs proviennent des intérêts.
Les politiques de sélection des stratégies d'investissement en actions islamiques, convergent également avec les approches conventionnelles axées sur l'environnement, le social et la gouvernance (ESG), dans certains domaines. Les approches islamiques et l’ESG interdisent généralement les investissements dans la production et la distribution d'alcool, de tabac et d'armes, et dans les entreprises qui promeuvent les jeux d'argent, mais certains érudits islamiques considèrent les investissements dans le divertissement et la musique, comme également interdits ou haram (illégaux) selon les lois islamiques. Des différences existent mais les similitudes entre la finance islamique et l'ESG sont difficiles à ignorer.
Madelina Muhammad, directrice du département de la banque islamique et du takaful à la « Bank Negara Malaysia », a déclaré : « La durabilité a un lien pratique de plus en plus important avec le financement islamique, et est passée d'une aspiration plus conceptuelle, à une stratégie établie dans de nombreuses organisations, y compris les institutions financières islamiques ».
