Après la fin de ses études, il entre dans la carrière diplomatique, qui le conduit vers des pays comme l’Ethiopie, l’Egypte, la Syrie, puis il décide d’enseigner la langue et la littérature arabes, dans différentes universités.
En 1976, il entre au Collège de France, où il enseigne la langue et la littérature arabes, puis il en sera l’administrateur. Entre 1984 et 1987, alors qu’il travaille au Collège de France, il devient l’administrateur général de la Bibliothèque Nationale. Son action à la Bibliothèque nationale est digne d’intérêt, parce qu’il redonne à l’institut un éclat, un prestige et un rayonnement incomparable.
Il a écrit plusieurs livres sur la littérature et la civilisation arabes et traduit quelques-uns des chefs-d'œuvre de cette littérature, dont Les Mille et Une Nuits et Les contes de Kalila et Dimna.
André Miquel dit : « J’ai pensé qu’il me fallait participer à la connaissance d’un monde arabe qui nous avait tant donné en ses vieux jours. Tel fut mon rôle, ou du moins tel que je l’ai voulu, de transmetteur, de passeur. »
Islam et sa civilisation
Ecrit avec Henry Laurens, « Islam et sa civilisation » traite 14 siècles d’histoire du monde musulman à travers les courants culturels et religieux ainsi que les aires géographiques.
Dans ce livre, André Miquel traite l’aspect historique de cette civilisation de manière globale, considérant l’islam comme un ensemble, un grand mouvement. Il y dépeint le monde musulman dans toute sa diversité et toute sa complexité.
La géographie humaine du monde musulman jusqu’au milieu du 11e siècle
Pour Jean-Maurice de Montremy, la Géographie humaine du monde musulman jusqu’au milieu du XIe siècle s’impose à tous ceux qui traitent du domaine arabe.
Composé de trois volumes, l’ouvrage étudie la littérature géographique des arabes et du monde musulman, comme un ensemble, tout en étant diverse.
Le premier volume étudie le contexte culturel du développement de la géographie dans le monde musulman médiéval, ses différentes données, ses rapports avec les conditions socio-économiques et l'histoire de la langue et de la littérature arabes.
Le second volume est l’étude du contenu de la littérature géographique des Arabes jusqu'au XIe siècle : la description de la Terre dans son ensemble et des peuples étrangers au domaine de l'islam : Afrique noire, Extrême-Orient, espaces ouralo-altaïques, Europe de l'Est, Europe de l'Ouest.
Et le troisième volume traite du contenu de la littérature géographique des Arabes jusqu'au XIe siècle à partir d'un corpus de textes écrits dans ce que l'auteur nomme la littérature moyenne arabe ou l'école de masalik.
Traduction de la sourate « Evénement »
Parmi les 114 sourates du Saint Coran, André Miquel a traduit et commenté la sourate al-Wa’qiah ou Evénement, mais pourquoi celle-ci ? Dans son introduction, il justifie ce choix par le fait qu’ « elle est relativement courte, avec des versets courts, rythmés et rimés qui peuvent offrir un champ d’exercice assez vaste. »
La sourate al-Wa’qiah, « par la splendeur de ses évocations eschatologiques, est de celles qui ont suscité d’abondants commentaires qui permettent de préciser sur quelques points essentiels, la formulation du credo de l’islam ».
André Miquel a établi ensuite l’architecture des rimes, en offrant une traduction française rythmée et rimée, tentant de combiner une entreprise dans laquelle « le sens primera toujours » avec l’essai de rendre au plus près le schéma de l’arabe, avec un système de rimes uniquement masculines et en voyelles et trois seulement, on s’autorisera toutes les possibilités de la rime française ». Chemin faisant, il a pu se rabattre aussi sur une règle minimale : « la correspondance d’une rime arabe avec une et une seule rime française, quelle qu’elle soit ».
Alors que Theodor Nöldeke, expert du Coran, écrivait : « nous avons été élevés à l’école de la critique scientifique. Or celle-ci nous permet de reconnaître que le mode d’expression du Coran présente de grandes insuffisances dont sont exempts les poèmes et les récits de l’ancienne Arabie », pour André Miquel, le Coran présente un vrai miracle, là où il écrit : « Mais décidément, par quelque but qu’on le prenne, le Coran mérite incontestablement l’épithète sous laquelle le désigne, entre bien d’autres, la tradition musulmane : mu’jiz, qui réduit à l’impuissance, qui désespère au fond toute tentative de s’approcher de ce texte autrement que par sa reproduction littérale, dite ou écrite… ».
Dans son ouvrage, André Miquel donne d’abord les traductions de seize de ses prédécesseurs puis la sienne qui est suivie d’un commentaire philologique, littéraire et théologique. Ce commentaire s’appuie sur l’exégèse des plus grands commentateurs, avec une préférence remarquée pour Fahhraddn ar-Razi.
« Quand l'Evénement [surviendra A cette venue [qui donc mentira ? Il ravalera, il élèvera...
Dernier mot
Alors que l’Occident d’aujourd’hui, l’Europe, les États-Unis, l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande, voire les pays de l’Orient comme la Corée du Sud, le Japon, connaissent une recrudescence de l’hostilité envers les musulmans, des agressions contre les citoyens musulmans, André Miquel disait en confidence à un ami que rien de ce qui se produit en ce moment ne lui " rend la tâche plus facile pour parler de civilisation ". Parler, pourtant, il le faut bien puisque " les spécialistes ne sont convoqués qu'en temps de crise ".
Pour lui, le monde arabo-musulman et ses contradictions, ses richesses immatérielles ou son avenir, ne font guère recette. André Miquel est obsédé par " le monde de convulsions " que " nous léguerons à nos enfants si nous ne recréons pas une liaison Nord-Sud " et si nous ne tirons pas les enseignements du sinistre " événement " actuel : interdépendance, pour le meilleur et pour le pire, des pays arabes ; absolue nécessité de régler la question palestinienne. De plus, " il faudra bien dépasser le débat entre la froide efficacité de la technique et des pays qui aspirent à retrouver une spiritualité, une âme. Il faudra bien que le débat s'engage entre deux spiritualités : d'Orient et d'Occident ".