
Selon Al Jazeera.net, de la limitation du volume des appels à la prière à l’arrestation d’imams, ces mesures s’inscrivent dans une stratégie plus large visant à effacer les symboles religieux et culturels palestiniens de la ville.
Ces actions, dénoncées par de nombreux observateurs, traduisent une volonté d’imposer une nouvelle réalité religieuse et politique dans les quartiers musulmans.
Répression des muezzins
Un récent incident survenu dans la mosquée d’al-Hijra, à Beit Hanina, illustre cette dérive. Un officier israélien y a interrompu la prière d’un jeune homme pour lui demander ses papiers d’identité, avant d’imposer une amende de 5 000 shekels au muezzin, accusé d’avoir diffusé un appel à la prière jugé trop fort. Cet acte, loin d’être isolé, s’ajoute à une série d’agressions contre les mosquées, notamment à Al-Aqsa, où les autorités coupent régulièrement les haut-parleurs pour faire taire l’adhan.
Depuis 2011, plusieurs partis israéliens ont cherché à légiférer pour interdire les appels à la prière amplifiés. La proposition de loi du muezzin, adoptée en première lecture en mars 2017, visait à restreindre l’usage de haut-parleurs entre 23 h et 7 h. Bien qu’elle n’ait pas été définitivement adoptée, elle a ouvert la voie à des mesures administratives et policières ciblant les mosquées.
Les maires successifs de Jérusalem, Nir Barkat puis Moshe Lion, ont poursuivi cette politique. En 2019, la municipalité a lancé un programme de remplacement des systèmes sonores des mosquées par des dispositifs plus faibles, prétendant réduire les nuisances sonores pour les colons. En 2023, un budget de 241 000 dollars a été alloué à la centralisation numérique des appels à la prière, permettant un contrôle à distance du volume et du contenu.
Une guerre symbolique contre l’identité islamique
Les pressions ne se limitent pas aux sons des minarets. Depuis le déclenchement de la guerre contre Gaza en octobre 2023, les imams de Jérusalem subissent des arrestations pour avoir mentionné la souffrance des Gazaouis dans leurs prêches. Deux d’entre eux, Issam Amira et Jamal Mustafa, sont actuellement emprisonnés pour « incitation ».
Pour l’avocat Khaled Zabarqa, ces mesures visent à effacer l’identité islamique de Jérusalem et à imposer une nouvelle norme dictée par les autorités israéliennes. Il dénonce une « guerre religieuse dissimulée » menée sous couvert de lois sécuritaires et administratives.
Zabarqa met en garde contre les conséquences graves de cette politique de provocation : interdire ou restreindre l’appel à la prière, symbole profond de l’islam, revient à bafouer les sentiments religieux des musulmans et à menacer la coexistence déjà fragile dans la Ville sainte.