Netanyahu et la double stratégie vis-à-vis de l'Autorité palestinienne

13:14 - August 05, 2023
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RAMALLAH(IQNA)-Le cabinet de sécurité israélien a approuvé la proposition présentée par le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, d’une décision visant à empêcher l'effondrement de l'Autorité palestinienne.

La proposition a reçu l'approbation de huit ministres, tandis qu'Itamar Ben-Gvir, ministre de la sécurité intérieure du régime sioniste, était contre et que le ministre des finances, Bezalel Smotrich, s'est abstenu de voter.

Dans l'ébauche de ce plan publiée par le site i24news, il est indiqué : « S'il n'y a pas de changement dans l'évaluation de la situation intérieure, Israël agira pour empêcher l'effondrement de l'Autorité palestinienne et exigera en même temps, la cessation des activités anti-israéliennes dans le système médiatique et l'éducation, et des indemnités aux familles des combattants palestiniens, et a assuré que les constructions (illégales dans la région) se feront conformément aux lois internationales.

Dans la réponse officielle de l'Autorité palestinienne, publiée par le Premier ministre de ce pays, Mohammad Ashtiyah a écrit : « C’est du chantage, la Palestine rejette les conditions des occupants pour le déblocage des fonds fiscaux palestiniens. Ce qu'on demande à Israël, c'est d'arrêter l'agression contre le peuple palestinien, les tueries et la construction de colonies, d'arrêter de confisquer nos fonds et de revenir sur la voie conforme à la légitimité internationale qui exige de mettre fin à l'occupation. On ne parlera pas d’un retour conditionné des recettes fiscales palestiniennes, en suspendant nos actions aux organisations internationales ou en coupant l'aide aux familles des martyrs et des prisonniers ».

Tarek Fahmy, professeur de sciences politiques à l'Université du Caire, et expert des questions israéliennes et palestiniennes, estime que les intentions de Netanyahu vont au-delà de la relance du rôle de l'Autorité palestinienne et a déclaré : « Netanyahu offre en fait, une facilitation directe, telle que des avantages économiques sous la forme d'une zone industrielle dans le sud de la Cisjordanie, ainsi que des programmes financiers comprenant des garanties de prêt, le règlement de la dette, des remises sur le carburant, des taxes, des paiements et des heures de travail plus longues au pont Al-Nabi qui relie la Cisjordanie à la Jordanie, et est actuellement le seul point d'entrée et de sortie désigné pour les Palestiniens de Cisjordanie voyageant à l'étranger. Le projet de relance et de renforcement de l'autorité est toujours en place, mais le principal défi est l'absence d'accord collectif au sein du gouvernement (israélien) concernant ces mesures, et entre l'appareil de sécurité du Shabak (Shin Bet) et d'autres institutions de sécurité israéliennes telles qu’Aman (Agence de renseignement militaire) et l'état-major général.  Israël reconnaît que l'affaiblissement de l'Autorité palestinienne conduirait à l'effondrement de la stabilité en Palestine occupée, et envisage un scénario dans lequel le chaos pourrait se transformer en plan calculé, après la mort de Mahmoud Abbas. Ces derniers jours, il y a eu beaucoup de discussions dans les cercles et les médias israéliens, sur la volonté du gouvernement de Netanyahu d'accroître la coordination sécuritaire avec l'Autorité palestinienne, pour éviter le chaos comme le voulait l'accord d'Oslo. Le chevauchement des zones de Cisjordanie (A, B, C) nécessitait une coordination entre l'occupation et les autorités sionistes. Malgré l'accord et la réduction du rôle de la Palestine, la partie sioniste accuse constamment l'Autorité palestinienne en cas d'urgence sécuritaire. En conséquence, le gouvernement autonome exige périodiquement, le droit d'exercer la sécurité et le contrôle civil sur la Cisjordanie ».

Jihad al-Harazin, professeur de droit et de systèmes politiques, et expert des questions israélo-palestiniennes, a déclaré : « Les récents développements politiques et sécuritaires ont fait qu'Israël, lui-même, se présente comme le sauveur de l’autorité palestinienne alors qu'il est la cause directe de son affaiblissement. La saisie illégale par Israël, des fonds palestiniens, a entraîné l'Autorité palestinienne dans des crises financières majeures. Israël empêche également les projets d'investissement et le développement d'installations de services, perturbe la connexion et la communication entre les villes, les villages et les camps de réfugiés palestiniens, arrête les fils des membres des agences de sécurité, et permet aux colons, suite aux attaques continues de ministres comme Ben Guer et Smotrich, contre l'autorité palestienne, ses institutions et le mouvement Fatah, de participer à des destructions et à des incendies criminels. Netanyahu a l'intention d'améliorer l'image de son gouvernement fasciste en reprenant la coordination de la sécurité.  La vraie question est de savoir si Netanyahu permettra aux autorités responsables de l’autorité palestinienne de jouer leur rôle. Netanyahu ignore commodément des mesures telles que les arrestations, les raids 24 heures sur 24, les assassinats et les exécutions, les déformations des faits historiques et établis, les blocus continus, les points de contrôle et les restrictions de circulation. Netanyahu est-il au courant des actions extrémistes de Ben Guerr, du ciblage des prisonniers palestiniens, de l’armement des colons, des attaques contre la mosquée Al-Aqsa et des profanations de ce lieu saint ? Les efforts de Netanyahu ne trompent personne, y compris les principaux dirigeants mondiaux, qui sont bien conscients de son manque d'intérêt pour la paix et la fin de l'occupation ».

Dimitri Diliani, l'un des membres du Conseil révolutionnaire et porte-parole du mouvement réformiste démocratique au sein du Fatah, estime que, pendant le mandat d'Arafat, l'aspect sécuritaire était mêlé à l'agenda politique, et a déclaré : « Abbas a donné la priorité à la question de la sécurité par rapport à la question politique. Ce changement met en évidence l'accent mis par l'occupation sur une relation purement sécuritaire avec l'Autorité palestinienne, évidente dans le refus de Netanyahu de rencontrer Abu Mazen pour des négociations, et sa réticence à aborder les aspects politiques. Le régime israélien cherche à conclure des accords de paix avec les pays voisins, dans l'espoir de contrecarrer l'Autorité palestinienne et de la forcer à accepter les conditions imposées par Tel-Aviv ».

Ayman al-Raqab, professeur de sciences politiques, l'un des dirigeants du Fatah et un expert du régime sioniste, a déclaré que le but de Netanyahu était d'affaiblir et de saper la partie palestinienne : « Au cours de la dernière décennie, le plan de Netanyahu était de briser l'Autorité palestinienne et malheureusement, il y est parvenu à la fois politiquement et financièrement. Les problèmes de l'organisation autonome se sont transformés en crise financière et ont alimenté des conflits internes entre la Cisjordanie et Gaza. Tel-Aviv veut maintenir la présence de cette organisation en Cisjordanie, à condition qu'elle soit affaiblie et incapable de contrer efficacement les actions d'Israël. En fin de compte, soutenir l'Autorité palestinienne sert les intérêts d'Israël. En fait, soutenir et empêcher l'effondrement de l’autorité palestiniennes n'est rien d'autre qu'un projet qui sert l'agenda des occupants », a-t-il dit.

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