Richard Anderson Falk, né en 1930 à New York, docteur en Droit de l'Université d’Harvard, et ancien journaliste de l'ONU, a déclaré : « Les lois internationales concernant des questions telles que les droits de l'homme et le caractère sacré des valeurs et des pratiques religieuses, ne peuvent pas influencer le comportement des gouvernements dans ces domaines ».
Ce professeur de Droit international a été nommé pour un mandat de six ans au poste de rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés.
Dans un entretien avec l’Agence iranienne de presse coranique (Iqna), sur les événements des deux derniers mois, en Suède et au Danemark, et leurs dimensions juridiques et politiques, il a déclaré : « J'interprète ces actes de profanation dans le cadre des attaques des extrémistes de droite contre la démocratie laïque, en Europe. Le fait que la Suède ait été le lieu principal de ces événements est significatif car la Suède était auparavant considérée comme le système social-démocrate le plus progressiste d'Europe. Pourtant, la droite anti-immigrés (et non les extrémistes pro-blasphème) a remporté les dernières élections nationales en Suède, et gouverne actuellement le pays.
L'un des principaux auteurs des profanations en Suède et au Danemark, est Rasmus Paludan, avocat et homme politique dano-suédois et chef du parti radical Strum Kurs, qui opère dans les deux pays, et n'a réussi à obtenir que 1,8% des voix aux élections suédoises de 2019, ce qui n'était pas suffisant pour entrer au parlement.
En réponse aux profanations du Coran, le Qatar a retiré tous les produits suédois de son plus grand marché, le Souq al-Baldi, et d'autres pays ont rappelé leurs ambassadeurs en Suède, en signe de solidarité islamique. L'Union européenne continue d'adopter une position prudente sur cette question, invoquant la loi sur la liberté d'expression qui prévaut dans plusieurs de ses principaux États membres. Le chef de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, a détaillé la réponse officielle de l'UE et déclaré à propos de la profanation du Coran : « Tout ce qui est légal n'est pas moral ».
L’Angleterre, l'Allemagne et la France, auxquels se joignent les États-Unis, ont condamné la profanation du Coran, mais ont refusé de soutenir la résolution du Conseil des droits de l'homme, affirmant qu'il s'agit d'un « texte déséquilibré qui menace la liberté d'expression et interdit de manière inacceptable, presque tout sacrilège ».
La plupart des pays africains ainsi que la Chine ont soutenu la déclaration officielle du Conseil des droits de l'homme qui décrit la résolution comme suit : « Le 12 juillet, le Conseil des droits de l'homme a adopté une résolution condamnant toutes les formes de soutien et d'expression de la haine religieuse, y compris les récents actes publics et prémédités de profanation du Saint Coran ».
Certains soutiennent l'opinion selon laquelle la profanation du Coran et d'autres livres sacrés viole le Droit international, et la résolution du 25 juillet de l'Assemblée générale des Nations Unies, proposée par le Maroc et approuvée par consensus, le déclare, mais la plupart des gouvernements occidentaux ne la considèrent pas comme obligatoire et s’opposeront à l'adoption de lois pénales.
Actuellement, il y a une contradiction, plus les efforts sont déployés pour mettre un terme au comportement des groupes islamophobes et extrémistes de droite, plus ils sont tentés de poursuivre de telles actions. À court terme, ce que ces groupes recherchent, c'est l'attention du public et des médias, pas le pouvoir.
La profanation du Coran sert également à attirer ceux qui sont profondément insatisfaits de leur niveau de vie et ont tendance à imputer aux musulmans, leurs mauvaises conditions socio-économiques.
Dans le climat historique actuel de l'Europe, les actes de sacrilège, en particulier ceux dirigés contre des pays comme la Turquie, bénéficient d'un haut niveau d'approbation populaire tacite. Ce qui est souvent criminalisé et sévèrement puni dans certains pays à majorité musulmane, est célébré comme un discours sous la protection de la loi dans l'Occident laïc.
Pour réduire ces tensions, des efforts internationaux sont nécessaires pour améliorer les conditions matérielles dans les pays sous-développés, cela aurait presque automatiquement pour effet d'endiguer le flux massif de migration qui provient de communautés pauvres, déchirées par la guerre ou confrontées au problèmes climatiques.
Je ne pense pas que le Droit international soit assez fort pour influencer le comportement des États dans ces domaines. Peut-être que la lutte pour la survie humaine fournira un soutien suffisant pour qu'une unité transcivilisationnelle soit considérée par certains, dont moi-même, comme un exemple unique. Jusque-là, il y aura des profanations du Coran, des livres saints d'autres religions, des lieux et objets saints, en général. Nous devons donc nous garder d'alimenter les passions et les ambitions médiatiques de ces extrémistes ».