
Dans la sourate Al-Muddaththir, lors du dialogue entre les habitants du Paradis et ceux de l’Enfer, l’une des causes de la damnation est exprimée par le refus de nourrir les nécessiteux :
« مَا سَلَكَكُمْ فِي سَقَرَ * قَالُوا لَمْ نَكُ مِنَ الْمُصَلِّينَ * وَلَمْ نَكُ نُطْعِمُ الْمِسْكِينَ * وَكُنَّا نَخُوضُ مَعَ الْخَائِضِينَ * وَكُنَّا نُكَذِّبُ بِيَوْمِ الدِّينِ »
« Qu'est-ce qui vous a acheminés à Saqar ? » Ils diront: « Nous n'étions pas de ceux qui faisaient la Salat, et nous ne nourrissions pas le pauvre, et nous nous associions à ceux qui tenaient des conversations futiles, et nous traitions de mensonge le jour de la Rétribution,
(Al-Muddaththir, 42–46).
Ce problème ne concerne pas uniquement l’au-delà. Dans la sourate Al-Fajr, parmi les causes de l’humiliation et de l’éloignement de la miséricorde divine dans ce monde, le Coran mentionne le mépris envers les orphelins et le manque d’encouragement à nourrir les pauvres :
« وَأَمَّا إِذَا مَا ابْتَلَاهُ فَقَدَرَ عَلَيْهِ رِزْقَهُ فَيَقُولُ رَبِّي أَهَانَنِ * كَلَّا بَلْ لَا تُكْرِمُونَ الْيَتِيمَ * وَلَا تَحَاضُّونَ عَلَى طَعَامِ الْمِسْكِينِ »
Mais par contre, quand Il l'éprouve en lui restreignant sa subsistance, il dit: « Mon Seigneur m'a avili. » Mais non ! C'est vous plutôt, qui n'êtes pas généreux envers les orphelins; qui ne vous incitez pas mutuellement à nourrir le pauvre,
(Al-Fajr, 16–18).
L’expression « تُكْرِمُونَ الْيَتِيمَ » contient plusieurs enseignements. D’abord, il s’agit moins du corps de l’orphelin que de son âme, qu’il faut honorer et préserver. Le premier devoir envers les orphelins est donc le respect de leur dignité. L’honneur que Dieu accorde à l’homme doit se traduire par l’honneur rendu aux orphelins. Quant au terme « تَحَاضُّونَ », il signifie s’encourager mutuellement : il ne suffit pas d’agir seul pour nourrir les pauvres, il faut aussi inciter les autres à le faire. Ainsi, la coopération dans la bienfaisance et l’honneur rendu aux orphelins joue un rôle essentiel dans la subsistance et la dignité humaine.
Dans le patrimoine du Coran et de la Sunna, tout en insistant sur la coopération et l’entraide dans la résolution des problèmes sociaux et économiques des pauvres, plusieurs principes philosophiques sont mis en avant : la propriété collective des richesses, le droit de tous aux ressources naturelles, la fraternité islamique et la participation des pauvres aux biens des riches.
Les prochaines notes aborderont certains de ces fondements de la coopération.