
Dans un entretien accordé à l’agence IQNA, il explique que l’islam, en tant que système complet de valeurs et de vision du monde, détient un potentiel immense pour dialoguer avec les sociétés modernes. Toutefois, selon lui, ce potentiel demeure largement inexploité en raison de deux faiblesses majeures : l’absence d’un discours scientifique et structuré capable de traduire la profondeur du message islamique dans un langage universel, et le retard des acteurs musulmans dans l’utilisation des outils médiatiques modernes.
À travers son engagement dans l’émission « Al-Wajh al-Akhar » (L’autre visage), diffusée sur la chaîne Al-Kawthar, al-Zaki cherche à offrir un modèle d’analyse intellectuelle et spirituelle qui réconcilie la foi avec la réflexion critique et le dialogue interculturel.
Un discours islamique à reconstruire pour le monde contemporain
Mohammad al-Nour al-Zaki rappelle que l’islam propose une vision cohérente de l’homme, de la société et de la vie. Ce message universel repose sur la dignité, la justice et la responsabilité morale. Cependant, il constate que la communication de cette pensée souffre d’un manque de rigueur scientifique et conceptuelle.

Selon lui, « les musulmans n’ont pas su développer un langage intellectuel capable de traduire les valeurs de l’islam à la lumière des sciences humaines et sociales contemporaines ».
Pour qu’un discours islamique soit audible à l’échelle mondiale, il doit se dégager du simple prêche religieux pour adopter une approche analytique, rationnelle et contextualisée. Il s’agit de montrer comment la pensée islamique peut contribuer à la résolution des crises éthiques, sociales ou environnementales de notre époque.
Al-Zaki souligne que la jeunesse musulmane, confrontée à la mondialisation culturelle, a besoin d’outils intellectuels solides pour comprendre sa propre identité sans se couper du monde.
De plus, il insiste sur la nécessité de renouveler la terminologie employée dans les débats religieux et sociaux : trop souvent, les concepts restent enfermés dans un vocabulaire traditionnel qui ne parle plus aux générations modernes ni aux non-musulmans. Un discours réformé, scientifiquement étayé et spirituellement authentique, pourrait rendre la pensée islamique plus crédible et plus influente dans l’espace public mondial.

Les médias modernes : un terrain négligé mais stratégique
Pour al-Zaki, la seconde faiblesse majeure réside dans l’incapacité des acteurs musulmans à investir les outils médiatiques modernes avec compétence et créativité. « Nous avons le message, mais nous n’avons pas toujours les moyens de le transmettre efficacement », résume-t-il.
Les médias, qu’ils soient audiovisuels, numériques ou interactifs, ne sont pas seulement des canaux de communication : ils façonnent les imaginaires collectifs, définissent les priorités du débat public et influencent les valeurs des sociétés.
Son émission « Al-Wajh al-Akhar », produite par la chaîne Al-Kawthar, tente de combler ce vide. Elle propose des dialogues approfondis avec des intellectuels et des chercheurs sur des questions fondamentales telles que la relation entre l’islam et la modernité, la place de l’éthique dans les civilisations, ou encore la confrontation des valeurs spirituelles avec la logique matérialiste du monde contemporain. Cette approche vise à aller au-delà de la simple polémique religieuse pour offrir une réflexion civilisationnelle.
Al-Zaki souligne aussi que l’Iran, à travers sa révolution et ses institutions médiatiques, a ouvert la voie à une nouvelle définition de l’identité islamique, fondée sur la dignité humaine et la justice. Ce modèle, estime-t-il, prouve qu’il est possible de parler d’islam dans un langage universel, accessible aussi bien aux musulmans qu’aux non-musulmans.
Cependant, pour que ce type d’expérience se généralise, il faut former une génération de journalistes, d’animateurs et de penseurs musulmans capables d’allier maîtrise technique et profondeur intellectuelle. Le présentateur d’un programme religieux, selon al-Zaki, ne doit pas être un simple relais de paroles : il doit être un analyste, un médiateur d’idées et un partenaire de réflexion pour le public.