Avant d’introduire les versets relatifs au ḥajj dans la sourate Al-Imran (95), le Coran déclare :
« فَاتَّبِعوا مِلَّةَ إِبراهیمَ حَنِیفًا وَما كانَ مِنَ المُشرِكینَ »
Suivez donc la religion d'Abraham, Musulman droit. Et il n'était point des associateurs
Ce verset appelle à adopter la foi sincère d’Ibrāhīm, fondée sur le tawḥīd. Immédiatement après, le Coran expose un exemple concret de cette voie :
« إِنَّ أَوَّلَ بَیْتٍ وُضِعَ لِلنّاسِ لَلَّذی بِبَكَّةَ مُبارَكًا وَهُدىً لِلْعالَمینَ »
La première Maison qui ait été édifiée pour les gens, c'est bien celle de Bakka (la Mecque) bénie et une bonne direction pour l'univers. (Al-Imran-96)
Il s’agit d’un rappel que la Ka‘ba fut le premier lieu consacré à l’adoration du Dieu unique, bien avant la construction de Bayt al-Maqdis (le Temple de Jérusalem). Ainsi, loin d’être une innovation, la Ka‘ba est un retour à l’origine : le centre du culte abrahamique.
À l’époque du Prophète (psl), les gens du Livre soulevaient deux objections principales :
1. Ils refusaient le principe de la naskh (abrogation), et voyaient le changement de qibla comme une contradiction. 2. Ils accusaient les musulmans d’inventer un lien entre Abraham et la Ka‘ba.
Le Coran répond fermement à ces accusations. D’abord, l’abrogation est conforme à la sagesse divine, car les lois évoluent selon les circonstances. Ensuite, historiquement, Abraham a bien construit la Ka‘ba avant que Salomon ne bâtisse le Temple.
Ainsi, le pèlerinage (ḥajj) et la Ka‘ba ne sont pas des innovations, mais l’héritage direct de la foi d’Abraham. Le retour à la Ka‘ba marque un recentrage sur la voie du tawḥīd, loin de toute forme de polythéisme.
Ce lien profond entre le ḥajj et l’héritage abrahamique rappelle que l’islam ne vient pas rompre avec la tradition prophétique, mais la restaurer dans sa pureté originelle.